Les fabricants de side-cars qui maintiennent la tradition aujourd’hui

En France, l’immatriculation de side-cars ne dépasse plus quelques centaines d’unités par an, alors que certains fabricants européens maintiennent leur production, malgré une demande en forte baisse. Les normes environnementales récentes compliquent l’homologation de nouveaux modèles, poussant plusieurs marques historiques à cesser leur activité ou à se tourner vers des marchés de niche.Face à ce contexte, seuls quelques constructeurs, artisans ou industriels, persistent à développer ce véhicule singulier, chacun avec ses propres spécificités techniques et choix de motorisation. L’offre actuelle s’est ainsi recentrée sur des modèles adaptés à la législation et aux attentes d’une clientèle passionnée.

Un véhicule pas comme les autres : l’histoire et les grandes évolutions du side-car

Le side-car s’impose d’emblée comme une création à part : Jean Bertoux l’imagine en 1892, et déjà, la frontière entre deux et trois roues s’efface. Ce drôle d’engin ne ressemble à rien d’autre. Il offre une alternative ingénieuse pour transporter passagers ou marchandises, sans pour autant basculer dans l’automobile. Rapidement, la France devient un terrain d’expérimentation et de perfectionnement, aussi bien sur route qu’en compétition. Entre les deux grandes guerres, le side-car envahit les routes, accompagne familles et aventuriers, et s’invite même sur les circuits sportifs.

Polyvalent, il trouve sa place partout : il sert de taxi, accompagne les militaires, transporte les voyageurs intrépides, et s’illustre dans les courses de vitesse ou d’endurance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, certaines machines comme la BMW R75 ou la Zündapp KS 750 deviennent synonymes de fiabilité et de robustesse. Mais avec la montée en puissance de la voiture accessible à tous, le side-car recule, jusqu’à n’être plus qu’un choix d’initiés, passionnés par une mécanique différente.

Ce véhicule atypique continue pourtant d’attirer les foules lors d’événements comme le Salon Moto Légende. On y croise des machines emblématiques : Triumph 650 Speed Twin, Norton 750, LCR Krauser 500. Apprivoiser un side-car, c’est accepter un autre rapport à la route : la stabilité n’est plus la même, la conduite demande de l’anticipation et une vraie maîtrise de ses réflexes. Rien à voir avec une moto conventionnelle.

Pour mieux comprendre ce parcours unique, voici quelques repères majeurs qui jalonnent l’aventure du side-car :

  • Jean Bertoux : pionnier du side-car dès 1892
  • Période faste entre 1930 et 1950, puis passage en second plan
  • Véhicule synonyme d’évasion, d’esprit collectif et de prouesse technique
  • Utilisation marquante dans le tourisme, la compétition, et parfois même lors de cérémonies funéraires

Le side-car n’a jamais totalement disparu : il continue d’alimenter les récits, de susciter des prouesses mécaniques, et de rassembler autour de lui un public fidèle, toujours prêt à sortir des sentiers battus.

Quels sont les fabricants qui perpétuent la tradition du side-car aujourd’hui ?

Le marché du side-car neuf ne fait plus figure de géant, mais certains acteurs s’emploient à préserver ce patrimoine roulant. En tête, Ural, héritière de la tradition soviétique, reste l’une des rares marques à produire des side-cars robustes, dotés de la transmission 2WD et d’une marche arrière. Leurs machines, pensées pour l’aventure et l’endurance sur des pistes accidentées, séduisent ceux qui voient le side-car comme une invitation à l’exploration, loin du bitume banal.

En France, Mash a su se faire une place avec une gamme moderne et abordable. Le Side Force (445 cc), le Family Side et le B-Side 500 cc s’adressent à une génération en quête d’authenticité, sans rien sacrifier à la fiabilité ni à la facilité d’utilisation. Mash démocratise l’accès au side-car, en misant sur des mécaniques éprouvées et des designs inspirés.

La marque chinoise Chang Jiang n’est pas en reste : ses modèles, comme le Siberian Express 750 ou le Pékin Express, reprennent les codes esthétiques des anciens side-cars soviétiques tout en respectant les contraintes des normes actuelles. Leur public ? Des amateurs d’expérience rétro, mais attachés à la tranquillité d’esprit moderne.

D’autres ateliers, à l’image d’Alternative Side-car, choisissent la voie de la personnalisation. Ici, on transforme des motos de série pour créer des ensembles uniques, adaptés à chaque usage. Chez Rivaud, Benjamin Rivaud repousse encore les limites, mettant au point des side-cars corbillards homologués pour des cérémonies singulières.

Pour mieux cerner le paysage, voici les principaux noms à retenir parmi ceux qui entretiennent la passion du side-car aujourd’hui :

  • Ural : fiabilité hors pair, esprit d’aventure
  • Mash : large choix et accessibilité
  • Chang Jiang : héritage soviétique, fiabilité et look vintage
  • Alternative Side-car, Rivaud : adaptation sur mesure, créativité et audace

Le nombre de véhicules neufs mis en circulation en France tourne autour de 200 unités par an. Peu, certes, mais la communauté continue d’entretenir la passion, loin des volumes industriels.

Comparatif des modèles actuels : entre classiques indémodables et innovations récentes

Sur le marché du side-car neuf, quelques modèles s’imposent comme des références. L’Ural Ranger, surnommé « The Beast », affiche une robustesse à toute épreuve : transmission intégrale, marche arrière, châssis renforcé, il ne recule devant aucune difficulté et peut avaler les kilomètres sur tous les terrains. Le Ural Sportsman, dans la même lignée, privilégie un confort accru grâce à une suspension retravaillée, sans perdre son caractère d’aventurier.

Chez Mash, la stratégie est différente : le Side Force (445 cc) attire par un tarif de 10 990 €, une capacité d’accueil pour trois personnes, et un design inspiré de l’univers militaire. Le Family Side, de son côté, s’adresse aux amateurs de balades à plusieurs, avec un prix qui reste sous la barre des 9 000 €. Les deux modèles, dotés de freins à disque et d’un châssis tubulaire, conjuguent modernité et fidélité à l’esprit du side-car.

Du côté de Chang Jiang, les Siberian Express 750 et Pékin Express proposent une combinaison entre esthétique rétro et fiabilité actuelle. Pour ceux qui préfèrent le sur-mesure, des ateliers spécialisés transforment des motos BMW, Honda ou Triumph, ajoutant des options comme la fourche à balancier, des systèmes de freinage renforcés ou des aménagements entièrement personnalisés.

Pour y voir plus clair, voici un tableau qui synthétise les caractéristiques des modèles les plus marquants :

Modèle Moteur Passagers Prix indicatif Spécificités
Ural Ranger 750 cc 2 à 3 à partir de 15 000 € 2WD, marche arrière, robustesse
Mash Side Force 445 cc 3 10 990 € Style militaire, polyvalence
Chang Jiang Siberian Express 750 cc 2 à 3 env. 12 500 € Look classique, fiabilité moderne

Le choix reste limité, mais il existe une palette de configurations qui permet à chacun de trouver l’ensemble adapté à ses envies, que l’on recherche l’authenticité ou l’innovation sur-mesure.

moto sidecar

Bien choisir son side-car : conseils pratiques et retours d’expérience de passionnés

Conduire un side-car n’a rien d’anodin. Ce n’est pas une simple moto à laquelle on aurait greffé une roue ; le comportement change radicalement. Mag et Robby 3 Wheels, partis pour un tour du monde de 55 000 km, racontent combien la prise en main demande du temps. Pour eux, il ne suffit pas de piloter, il faut véritablement apprivoiser la bête. Leur expérience montre qu’une formation dédiée permet d’éviter bien des écueils et d’anticiper les réactions parfois surprenantes de l’engin.

Quelques conseils pour aborder sereinement l’univers du side-car :

  • Vérifiez toujours que votre side-car dispose d’une homologation conforme : la DREAL contrôle systématiquement les véhicules neufs ou modifiés.
  • Le permis A reste impératif, avec ou sans panier. Une assurance adaptée est vivement conseillée : certaines compagnies connaissent les particularités de ces véhicules et proposent des garanties spécifiques.
  • Pour les voyages au long cours, la fiabilité est un critère clé. Les modèles Ural et Mash sont réputés pour leur endurance ; les productions chinoises séduisent par leur accessibilité, mais demandent une préparation minutieuse avant de partir loin.

Quand vient le temps de l’aventure, l’entraide fait partie du voyage : des communautés comme Bunk a Biker proposent hébergement, repas ou dépannage, preuve que la solidarité reste au cœur de la culture side-car. Marc et Théo, qui ont roulé avec un modèle chinois, insistent sur l’équilibrage des charges et l’entretien régulier. Ce type d’expérience façonne le lien au side-car : plus on roule, plus on affine sa pratique, et plus la passion s’installe.

Chaque side-car raconte une histoire, chaque modification est un choix, chaque kilomètre une découverte. Ceux qui s’y essaient savent que l’aventure ne fait que commencer, le reste, c’est à la route de l’écrire.

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